Situé à Pressiat (Ain), le Mont Châtel occupe la place centrale des « trois monts » sur le contrefort du Revermont sur les derniers plissements occidentaux de massif jurassien, à 18 km au nord-est de Bourg-en-Bresse. Ces trois collines offrent un point de repère bien identifiable dans le paysage, en position frontalière, entre plaine et massif du Jura, à la jonction de la Franche-Comté, la Bresse et le Pays de Savoie.
L’établissement de hauteur se développe sur la totalité de l’espace sommital à 610 m d’altitude, sur une emprise de 1,2 ha délimitée par des ruptures de pentes importantes et des petites falaises au nord-est.
Il surplombe un carrefour de chemins illustrant la position de col, donnant accès de part et d’autre de ce relief, un château étant édifié sur la colline voisine de Montfort au XIIIe siècle.
L’occupation s’étage en deux terrasses principales : la première aplanie sur trois côtés correspond à un espace de circulation et permet d’en faire le tour.
Légèrement plus spacieuse au sud, la terrasse est bordée par un bourrelet de terre et de pierres et porte le nom de Pré Sarrazin. Une petite carrière est ouverte sur un affleurement rocheux au sud-est. La terrasse la plus haute, large de 15 à 20 m, offre un espace relativement régulier sur une longueur de 160 m.
Au centre et sur le point culminant une église est bâtie selon une orientation est-ouest.
Sa position topographique procède d’une mise en scène destinée à rendre cet édifice visible de très loin. Le bâtiment offre un plan classique d’une nef quadrangulaire et un chevet plat carré, de 11 m sur 16,5 m dans un premier état, prolongé de deux annexes quadrangulaires de part et d’autre du cœur dans un second temps, selon un plan en tau. Entièrement construit en pierre, il est couvert par une toiture de tuile à la romaine.
De nombreuses sépultures occupent la totalité de l’espace interne, en coffres de pierre de type romano-burgonde et en sarcophages en grès légèrement trapézoïdaux. L’un d’eux porte un motif sur son panneau de tête, figurant un chrisme encadré de croix latines. Cette iconographie chrétienne signale l’appartenance religieuse de l’inhumé.
L’ensemble des données recueillis à ce jour oriente la chronologie dans le VIe-VIIe siècle de notre ère, voire au-delà avec une possible récupération des matériaux de construction lors de la phase d’abandon. Les arguments sont principalement apportés par les architectures funéraires, les maigres éléments de mobiliers parmi lesquels de rares fragments de luminaires en verre et des éléments de vitraux.
La découverte de l’édifice religieux lors de cette année probatoire de travaux archéologiques offre des perspectives novatrices sur l’environnement social et le statut de cet établissement de hauteur, pôle de pouvoir et point d’ancrage du christianisme.
Calendrier des interventions archéologiques :
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2013 : prospection et relevé topographique du site
2014 : montage du dossier 2015 : relevé et sondages sur l’église (année probatoire) 2016 : sondages sur l’habitat 2017 : sondages des voies de circulation. 2018 : sondages sur le système défensif |
Ces travaux s’inscrivent dans le cadre d’un Programme Collectif de Recherche portant sur « Les sites de hauteur de l’Antiquité tardive et du haut Moyen Âge en Franche-Comté (IVe-IXe s.) », sous la direction de David Billoin et Philippe Gandel.
L’opération bénéficie du soutien financier du ministère de la Culture et de la Communication, la DRAC Rhône-Alpes-Auvergne, le département de l’Ain et l’aide technique de la commune de Val Revermont et de l’Office de tourisme Bresse-Revermont.
2016 :
La découverte de la 2e église d’un petit bâtiment
Contact : david.billoin@inrap.fr
Panneau exposition (expo site de hauteur)
Reportage de France 3 du 13/09/16
http://france3-regions.francetvinfo.fr/rhone-alpes/ain/ain-un-sarcophage-merovingien-vandalise-1083757.html